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Laurent Chardard, médaillé de bronze paralympique du 50 m papillon : « On ne croise pas tous les jours un gars qui s’est fait attaquer par un requin »

Depuis huit ans, il a raconté des centaines de fois son histoire, mais il la répète sans un signe de lassitude. « Je me mets à la place des gens, on ne croise pas tous les jours un gars qui s’est fait attaquer par un requin. C’est un peu la phobie de tout le monde, à cause des Dents de la mer. Forcément, il y a des questions. » Né à Saint-Pierre, à La Réunion, Laurent Chardard a débarqué en 2012 en métropole, à 17 ans, le bac en poche et sa planche de surf sous le bras. Ironie du destin, c’est le squale qui le pousse alors à fuir son île natale.
« Depuis 2010, avec la “crise requins”, le surf, ça devenait compliqué. Je me suis dit : “Autant aller en France dans un lieu plus safe [sûr].” D’autant qu’à La Réunion, je ne pouvais pas faire les études qui me plaisaient », rapporte au Monde le nageur, médaillé de bronze, mardi 3 septembre, sur le 50 m papillon (catégorie S6) aux Jeux paralympiques.
Il quitte la côte aquitaine une à deux fois par an pour retrouver la douceur de l’océan Indien, mettant le surf sur pause, jusqu’au jour où des filets de protection anti-requins sont déployés au large de la plage de Boucan Canot, dans le nord-ouest de l’île. Ce 27 août 2016, la houle avoisine les 3 mètres, la flamme rouge est hissée, mais les conditions sont tentantes pour les surfeurs de ce spot prisé.
La séance touche à sa fin. Allongé sur sa planche de bodyboard, Laurent Chardard commence à ramer vers le pic, là où la vague déferle quand une masse gris-marron le happe et l’entraîne au fond. Il se débat avec son bras gauche en donnant un coup de poing sur ce qui s’avérera être – d’après les morsures – un requin-bouledogue.
En remontant à la surface, il voit qu’il lui manque le bras droit et que son pouce gauche a été à moitié arraché. « Mon cerveau ne réfléchit pas trop, les réflexes prennent le dessus. Je crie “requin, requin !” Tout le monde sort de l’eau. » Coincé dans la zone de ressac, il se dit qu’il n’aura pas la force de prendre la vague avec assez d’élan pour rejoindre le bord. Malgré la douleur, il ne panique pas. Il décide de retourner au pic et d’attendre les secours au large.
Le squale, lui, n’a pas fini son affaire. Il le tire vers le fond, cette fois par la jambe droite. A nouveau, le jeune homme parvient à se dégager. Un maître-nageur sauveteur en jet-ski met fin au cauchemar. A la veille de ses 21 ans, Laurent Chardard se réveille avec la jambe et le bras droits amputés.
« L’avantage avec mon attaque, c’est que je n’ai pas du tout changé, je suis resté exactement le même. Je pense que c’est ce qui m’a aidé à passer par-dessus l’accident », avance-t-il.
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